Dans votre vie familiale et personnelle, vous avez appris à gérer vos émotions, à vous contrôler ou à vous lâcher à bon escient. Par contre pour votre vie urbaine sociale et professionnelle, vous a-t-on appris à gérer ces sensations permettant de battre des records et d’atteindre l’excellence mais surtout d’apaiser les tensions ou évolutifs ?
Emotions Tribalisme et ethnographie inséparables de la géographie?
Dès 1838, Edme François Jomard déclarait dans un discours devant la Société de Géographie, « Bientôt, les ouvrages de l’homme sur toute la terre, successivement, seront étudiés et rapprochés: l’ethnographie sera devenue inséparable de la géographie et de la sociologie, dont elle est l’âme et la fin véritable »
Et, on a oublié de vous enseigner à analyser les émotions le ressenti ou perçu de ceux que vous côtoyez régulièrement
Cela, car on vous a seulement appris à analyser au travers d’une vision dite pragmatique, ou, au travers d’un prisme rationnel, pseudo-scientifique. Cette approche reprise par les enseignants, les chefs d’entreprises et les politiques, tous censés agir rationnellement, est en fait totalement subjective.
La faute à une volonté d’uniformisation consumériste rationnelle imposée par l’occident
Elle est surtout, le reflet d’une vraie simplification, une uniformisation consumériste rationnelle imposée par l’occident. Elle présente des visions simplifiées du monde, elle est particulièrement dangereuse par ses excès d’optimisme. Dont, un répété à foison depuis une dizaine d’années, le triomphe de la démocratie, et du bonheur qu’elle est censée apportée à tous.
En réalité, le monde est géré par huit familles d’émotions, qui sont, l’espoir, l’humiliation, la peur, les ressentiments, la joie, le dégoût, la colère, ou le mépris.
Des émotions exprimées par le visage des humains que d’autres humains ne savent voir …
Pour entrer un peu dans le détail, comme l’a théorisé le psychologue américain Paul Elkman, dans les années 1970, le visage des humains exprime, soit de la joie, soit de la surprise, soit de la peur, soit du dégoût, soit de la colère, soit du mépris soit de la tristesse.
Autre point fondamental, le « Chez Soi », car les hommes comme les arbres ont des racines.
Pour en revenir au Géo-émotions, rappelez-vous que nous avons tous sur terre un endroit qu’on appelle « chez soi » et celui-ci est totalement différent en fonction de la zone ou vos parents ou vous êtes nés et ou vous vous situez.
On notera aux USA que ce « chez soi » peut se révéler paranoïaque pour les populations non « blanches » nommées Afro-Américaines ou Asian-Américaines etc qui pour certaines revendiquent une double allégeance. Ce qui n’est semble-t-il pas le cas pour les afro-américains. Afro américains qui ont un fort ressenti de confrontation au racisme.
Mais étant donné l’évolution démographique, le chez soi va fortement évoluer avant la fin du siècle
Emotions et Rationalité du comportement
Rappelons que les émotions jouent un rôle essentiel dans la vie de tous les jours, dont la vie économique, rôle que la philosophie, la psychologie ou la sociologie ont identifié depuis longtemps.
Chez les économistes, l’introduction des émotions dans leurs analyses est assez nouvelle. Car la prise en compte des émotions dérange le modèle standard de l’économie fondé sur la rationalité du comportement, alors que de nombreuses décisions économiques sont prises sous le coup de l’émotion.
Bien sur, les émotions sont universelles et touchent toutes les nations et les peuples de façons très diverses en fonction de leurs cultures.
Et une Mondialisation qui devrait être formidable!
Si nous évoquons la mondialisation, beaucoup vous diront, La Mondialisation c’est formidable, mais pas pour nous. Car en fait pour beaucoup la mondialisation est source d’insécurité, et elle a surtout fait surgir la question de l’identité, et des racines culturelles.
La mondialisation est perçue comme la blanche Américanisation économique et culturelle du monde. Les États-Unis étant encore perçus comme la super puissance mondiale. Super puissance faisant preuve d’ambition géopolitique. Ambition, qui génère naturellement des critiques anticapitalistes et antiaméricaine.
Certains pays et cultures devraient donc cesser de penser qu’ils sont au centre du monde.
Cessez de croire que les non occidentaux ne peuvent réussir qu’à condition de suivre le modèle occidental loin de leurs traditions et de leurs émotions. Mieux comprendre ce monde en transformation, admettre sa complexité aujourd’hui, augmentée par les fortes migrations, et en simplifiant, admettre que la terre est à nouveau plate. Une Question, mais, où est le centre?
Ne sous-estimez pas le rôle des émotions
Et surtout, pour réussir, dans vos analyses ne sous-estimez pas le rôle des émotions. Les émotions comptent plus que jamais, et les émotions nous contrôlent tous, plus que nous les contrôlons.
Vous noterez aussi que dans nos démocraties occidentales qui évoluent on attachent de plus en plus d’importances aux Mots et de moins en moins aux Résultats. Des mots suscitant des émotions qui semblent gouvernés de plus en plus choix politiques.
Cela amène une question, dans quel monde vivons-nous aujourd’hui, et quel monde allons-nous laisser à nos enfants. Un monde rationnel ou un monde émotionnel?
On pourrait résumer cela assez simplement, le monde occidental est caractérisé par la peur, le monde arabe par l’humiliation, l’Asie par l’espoir et l’Afrique, les afro-américains, et les émigrés africains par le ressentiment.
La Fin des certitudes rationnelles
La mondialisation a permis l’émergence de médias de pays dits autrefois non alignés. Médias qui nous font vivre l’actualité sous un nouvel angle. Cette pluralité de l’information nous permet assez facilement aujourd’hui de comparer et d’analyser. Cette perte de contrôle des médias par les occidentaux, nous sert des émotions qui manipulent en direct et en permanence, et, dérange beaucoup de certitudes rationnelles.
Émotions diverses suivant les continents.
Tout d’abord, soyez-en certain, nous serons tous un jour humiliés dans notre vie professionnelle, ou privée, et, cela fera surgir chez nous, un sentiment d’identité liée à la confiance, qui suis-je ? Qui est celui qui m’humilie ? Comment dois-je répondre ou réagir ?
Aux Les États-Unis, c’est la peur de plus être le leader mondial.
Aux US nous retrouvions une idéologie pragmatique. Nous sommes la super puissance occidentale , la plupart de nos décisions sont philosophiquement darwiniennes (le plus fort dévore le moins fort) nous sommes toujours face à deux positions (manichéennes), eux et nous, eux ou nous, pour ou contre nous ? Mais ça c’était avant ! Les « minorités étant de plus en plus présentes sur les réseaux sociaux, leurs voies sont de plus en plus entendues , et leurs émotions « culturelles » sont de plus en plus présentes dans les débats !
La Chine, l’espoir de devenir le leader mondial.
Elle s’accommode parfaitement du système tant qu’elle peut maintenir le statu quo économique mondial qui lui profite, et le statu quo politique intérieur. Elle a depuis longtemps intégré que l’Asie va bientôt dépasser économiquement l’occident, et, cela sera la fin d’un monopole économique qui sera suivi éventuellement par la fin de la suprématie militaire de l’occident.
La Russie, en finir avec l’humiliation, avec la peur, et, l’espoir de redevenir une puissance mondiale.
La Russie est de par son étendue, la plus grande puissance continentale. Elle a su se montrer à nouveau impérialiste dans le Caucase, en Géorgie et en Ukraine. En soutenant ses alliés coûte que coûte. Elle est en train de ré acquérir son prestige et sa légitimité dans le système international. Ce pays qui depuis l’écroulement de l’URSS, URSS qui avait toutes ses « colonies » à ses frontières, n’avait plus une vision nette de son identité. La Russie à digéré cette difficulté depuis son intervention en Syrie.
Qu’on l’aime ou pas, Poutine, par son despotisme oriental a redonné à la Russie son prestige sur une certaine scène internationale.
Le Japon, dissimuler absolument ses ressentiments.
Il imite l’occident dans la plupart des domaines, mais il conserve sa culture millénaire. Ses émotions sont intériorisées, sous peine de perdre la face. Le Japon est maître dans l’art de cacher ses ressentiments vis-à-vis des Occidentaux.
L’Afrique : dépasser ses ressentiments, pour espérer.
On peut déceler des changements positifs sur ce continent qui a été marginalisé à cause de l’application détournée des modèles, capitaliste et communiste. Aujourd’hui, l’Afrique est devenue une zone d’espérance. L’urbanisation massive va aussi un peu gommer les cultures et les émotions. Ce développement de quelques pays dont le Rwanda, est dû pour beaucoup à des autocrates progressistes à la manière singapourienne. Ceux-ci vont sensiblement aseptiser ces peuples toujours très émotifs. Enfin, ce ne sont pas les Chinois très présents en Afrique dans les secteurs des infrastructures et des matières premières, qui vont leur donner des leçons de gouvernance et de démocratie.
L’Inde : oublier lentement le fatalisme, beaucoup d’indiens acceptent encore que leur existence suive une marche inéluctable qui leur échappe.
Ce pays a le sous-prolétariat le plus important du monde. Mais attention, les « laisser pour compte » de la mondialisation, ne sont plus, grâce à la télévision et aux réseaux sociaux, tenus dans l’ignorance du monde des riches.
Les Pays arabes et le monde arabisant, ressentir toujours une certaine humiliation.
Depuis quelques années, les humiliations et les émotions ont généré un surplus irrationnel très présent dans la politique et dans toutes les relations humaines. Certains (une petite minorité) sont entrés dans un nouveau processus, je ne veux pas de ta mondialisation ou impérialisme sociétal, culturel et consumériste. Mes émotions m’incitent donc à te détruire avant que tu détruises mon « mode » de vie, d’où ces conflits totalement émotionnels. Enfin certains leaders populistes utilisent la religion musulmane pour générer de l’animosité entre les sunnites et les chiites ou entre les musulmans et les autres religions, et cela n’annoncent pas des lendemains heureux.
On retrouve cette arabisation des émotions, dans les minorités musulmanes en Europe, et aussi en Thaïlande, aux Philippines, en Chine, en Inde.
La Turquie ou ex empire Ottoman
Nous occidentaux avons oublié que l’Empire ottoman a duré de 1300 à 1923, soit plus de six siècles. Oublié aussi oublié que, durant trois siècles, celui-ci s’est étendu des portes de Vienne au golfe Persique, de l’Algérie à l’Azerbaïdjan, de l’Ukraine au Soudan et au Yémen. Aussi, dans la mémoire de chaque Turc, restent présents les souvenirs de la grandeur de l’Empire ottoman. Et tôt ou tard un leader turc tentera de rétablir cet empire en commençant par les pays d’Asie centrale turcophone et turcophile. (lire mes posts sur la Turquie et sur Erdogan)
L’Amérique latine : perpétuer un ressentiment à l’encontre des gringos.
Vrai ou faux, ils ressentent toujours une ingérence dans ce qui était une Arrière-cour des États unis. Un ressentiment populiste, cultivé par les politiques sauf en Colombie ou au Chili.
Enfin s’il y a bien un conflit fortement émotionnel, c’est certainement celui entre Israël et certains pays arabes.
Israël se perçoit comme une île occidentale au Moyen-Orient, et malgré ses relations ambiguës avec l’Europe, ses équipes sportives participent aux championnats européens. Enfin, malgré une forte démographie des Arabes israéliens, Israël croit toujours depuis 1949 au miracle, et c’est essentiellement cela qui fait sa force. Les voisins d’Israël souvent instrumentalisés ont été humiliés par les guerres perdues, ils ne savent pas comment sortir leurs citoyens de ces affronts émotionnels.
Dans ce paysage mondial émotionnel, nous citerons aussi l’arabe Dubaï et ses gratte-ciel, Dubaï, qui se voient en Singapour.
L’Iran, riche en énergie, l’Iran humilié par le renversement de Mossadegh et la catastrophique transition Shah/Khamenei, l’Iran et son Golfe qu’il nomme toujours Persique, il n’aura de cesse de vouloir prendre sa revanche contre les occidentaux, en redevenant la Perse.
Billet déjà publié sur Forbes sur plusieurs Huffpost et X autres medias sur 3 continents .
Conclusion :
Penser faire du business en oubliant la culture et la charge émotionnelle est pour moi assez utopique. On rencontre assez souvent chez les Occidentaux un déficit d’intelligence émotionnelle. Un manque de capacités socio émotionnelles des individus incapables de se livrer à une introspection. En résumé n’avez-vous jamais été confronté à des émotions dans une situation personnelle et/ou professionnelle ? Bien sûr que si, ne l’oubliez jamais dans vos négociations, même si vous n’avez jamais été humilié, jamais eu peur, et n’avez pas de ressentiments.
Je vous remercie de me citer si vous me copiez, et, n’hésitez pas à vous abonner à mon blog (en haut)
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