Tenter de comprendre cette guerre Russo-Ukrainienne Ce dont on parle peu


Si on a la mémoire longue on peut faire « commencer » l’histoire de notre voisine l’Ukraine au baptême de Volodymyr grand prince de « Rous » de Kyiv. Sa petite fille Anne de Kyiv fille du prince Iaroslav Le Sage épousa notre roi Henri 1er à Reims et devint reine des Francs de 1050 à 1060. L’état de la « Rous » se fracassa lui lors de l’invasion Tatare vers 1240 ce qui généra progressivement trois nations, la Russe, la Bélarus et l’Ukrainienne.

Et si on s’intéresse à l’histoire récente , doit-on considérer que le rapprochement de ces deux peuples au XVIIe siècle sous l’influence des cosaques ukrainiens afin de faire face aux avancées des armées polono-lithuaniennes n’était qu’un rapprochement de circonstance. Ou alors, doit-on considérer que ces deux peuples étaient grâce aux fortes migrations sous l’ère communiste devenus des peuples frères ?

Tournant déterminant pris en 1863 par les Russes qui interdirent alors la langue ukrainienne.

On sait tous que Lénine a soutenu les écoles en langue ukrainienne, comme on sait tous aussi que Staline fit arrêter les indépendantistes et revenir ce « pays frère » qu’il a affamé avec l’Holodomor, à la langue russe. Mais on évoque assez peu le tournant déterminant pris en 1863 par les Russes qui interdirent alors la langue ukrainienne. Les Russes devinrent alors majoritaires parmi l’élite, les Ukrainiens étant un certain nombre à être ruraux et souvent analphabètes, ils furent alors considérés comme des « colonisés » par cette élite russe.

Une élite restée fidèle à cette Catherine II qui parachèvera l’héritage de Pierre le Grand en annexant la Crimée et l’ouest de l’Ukraine et en donnant nombre de terres ukrainiennes à l’aristocratie russe, dont les descendants sont toujours présents en Ukraine.  

Étonnamment les experts n’évoquent jamais la possibilité que nous soyons aujourd’hui face à un peuple caucasien « colonisé » par un autre peuple caucasien, car les experts ne parlent jamais de colonisation lorsque colonisés et colonisateurs sont de la même ethnie. Oublié enfin que Les ours Russes n’ont jamais reconnu leurs petits frères ukrainiens alors que nombreux sont ceux d’origine russe, comme des égaux, et qu’ils ont toujours conservé un sentiment de supériorité vis-à-vis d’eux.  

Schizophrénie de ce conflit ou Double de Dostoïevski

Une réflexion rapide nous amènerait à faire un parallèle avec le livre de Dostoïevski « Le double ». Un peu comme si aujourd’hui l’un des deux protagonistes voyait une réplique de lui-même dans le miroir, et, c’est à qui sera entre les deux, le plus roublard, le plus prétentieux ou le plus barbare.

Un double qui lors de la déclaration d’indépendance en août 1991 eu de la peine à se faire à l’idée que son voisin-reflet, le Russe pour les Ukrainiens et l’Ukrainien pour les Russes, que ledit voisin le dit double soit devenu un étranger. Ce parallèle démontre l’aspect totalement schizophrénique de ce conflit.  Sans vouloir faire un autre parallèle, cette fratricide guerre rappelle un peu la terrible et très meurtrière guerre entre le Vietnam du Nord et le Vietnam du Sud (1.7 million de morts 13 millions de réfugiés) Près de 50 ans plus tard, une certaine animosité subsiste toujours entre ceux deux peuples frères, ceux du sud se sentant supérieurs à ceux du nord.

L’écroulement de l’URSS a-t-il été suivi par une volonté de colonisation par l’Occident des pays ex-vassaux de la Russie.

Il est aussi vrai que nous occidentaux avons vite oublié le fait que lors de l’effondrement de l’URSS la maison mère Russie perdait l’équivalent de la surface actuelle de l’Union européenne et que 25 millions de Russes se retrouvaient à l’extérieur de la Fédération de Russie dans ce qui étaient alors des « colonies » russes..

Lire comprendre l’évolution de la Russie depuis les « évènements » des années 90 https://bernard-jomard.com/2020/01/11/clefs-pour-reussir-en-russie/

Oublié aussi que nombre de pays qui s’étaient sentis occupés voir colonisés par le système communisme stalinien qui leur était étranger sont entrés assez naturellement dans une phase d’imitation des démocraties occidentales. Cela afin de tenter de redevenir eux-mêmes, et de retrouver l’héritage idolâtré de l’Europe des lumières qui leur paraissait légitime. Oublié enfin que l’Occident rêvé, sa culture, ses valeurs avaient beaucoup évolué depuis 1945.

Si de loin l’Ouest leur paraissait plus que parfait, cet occident était devenu très éloigné de leurs traditions culturelles, de la religion et du caractère sacré de la famille. Et nombre de ces pays ex-vassaux de l’URSS se sont sentis de plus en plus éloignés de nous. Et, certaines de ces ex-républiques soviétiques se demandent encore aujourd’hui pourquoi nous ne les copierions pas nous, afin de revenir à cette Europe « éternelle » que nous aurions trahie.  

Autre point important les Russes et les Ukrainiens sont-ils des Frères dans leurs situations économiques.

Le niveau de vie est un autre sujet étonnamment peu évoqué par les commentateurs. Si on s’intéresse au classement du PIB en p.p.a. ou parité de pouvoir d’achat, établi par la banque mondiale en 2021 la Russie était à 32.803 $ par personne et l’Ukraine à 14.219 en $ international par personne.

Il est donc évident que nous ne sommes donc pas dans une guerre entre égaux économiquement. Lire statistiques  https://donnees.banquemondiale.org/indicator/NY.GDP.PCAP.PP.CD

Oublié aussi léventuel Déclencheur de cette invasion russe

Peut-être la révolution des pantoufles en Biélorussie qui débuta mi 2020. Poutine ayant dû retenir la leçon de Catherine II qui répondant à une question sur la protection de ses frontières, celle-ci affirmait « je n’ai pas trouvé d’autres moyens de défendre mes frontières que de les étendre »

Que peut-il se passer demain ?

Les guerres géoéconomiques sont toujours un jeu à somme nulle, pour tout gagnant il faut un perdant. Et, avec la mondialisation la globalisation, nous sommes tous un peu devenus les otages de l’évolution, de la fragmentation du monde, et évidement nous ne pouvons pas être tous gagnants.

Après cette fragmentation démarrée avec la Covid et accélérée par cette guerre mondialisée par procuration, trois nouveaux blocs vont s’affronter, les USA et leurs « followers », la Chine et ses alliés ou vassaux économiques et enfin la mosaïque européenne peu autonome qui si elle ne décide pas à faire bloc ne restera qu’une entité économique utopique et possiblement déclinante car sans énergie( gaz et pétrole) et sans armée communes et puissantes.

Quant à l’entité politique Ukraine, en fait une « construction » sur la route commerciale médiévale ou « Rous’ de Kyiv», ou encore route de la Baltique à la mer noire, il est assez exceptionnel que cette entité de peuples nordiques, de Mongols, de Cosaques, de baltiques, d’Allemands, de Polonais, d’Arméniens, et de Turcs ai pu « continuer » du Moyen Âge à nos jours.

Cette entité ce pays ayant donc survécu à de nombreuses évolutions et révolutions, on peut donc considérer que sur le « temps long » cette guerre barbare ne sera qu’une étape. Les questions à se poser seront alors, quel modèle économique fera rêver demain ce très riche pays (agriculture, matières premières, etc. )et, quel exemple politique il aura envie d’imiter après avoir été dangereusement inondé par des dizaines de milliards de dollars d’armes modernes et de munitions…

Enfin on ne peut pas parler des relations entre les Ukrainiens et les Russes sans évoquer la tragédie de l’Holomodor et le jeune journaliste britannique Gareth Richard Vaughan Jones, qui l’a révélé à ses dépends. Gareth Jones qui fut dénigré par le célèbre journaliste Walter Duranti du NYtimes qui reçu lui le prix Pulitzer

Gareth Jones né au pays de Galles le 13 août 1905 à Barry a eté tué le 12 août 1935 en Mongolie-Intérieure. Il est celui qui nous a fait connaitre  l’Holodomor.

Le premier étranger à se rendre pour la première fois dans la ville industrielle ukrainienne de Yuzovka, rebaptisée Stalino en 1924 et qui deviendra Donetsk. Ce voyage sera le sujet de ses premiers articles publiés dans le Times et le Western Mail. Un voyage motivé par le décès douteux d’un de ses amis.

Muni d’un visa falsifié, il arrive a Kharkiv,   où il fausse compagnie à ses guides. ou il arrêté par la police dans une petite gare et menacé de représailles s’il racontait ce qu’il avait vu. Mais  Il révèlera la famine en Ukraine organisée par Staline en 1933 lors d’une conférence de presse.

Alors que les journalistes des médias occidentaux à Moscou l’accusent d’avoir grandement exagéré les choses. Walter Duranty du New York Times, admirateur de Staline et prix Pulitzer en 1932 pour ses articles élogieux sur l’URSS deviendra l’un de ses plus grands contradicteur.  Les autres correspondants étrangers, soucieux de conserver leur autorisation de travailler en Union Soviétique, s’accorderont pour dénigrer Gareth Jones. https://www.nytco.com/company/prizes-awards/new-york-times-statement-about-1932-pulitzer-prize-awarded-to-walter-duranty/

Les États-Unis reconnaîtront officiellement l’URSS en novembre 1933, huit mois après les révélations de Jones7. « Blacklisté par l’establishment britannique »

Gareth Jones sera tué en 1935 en Mongolie dans des circonstances troublantes, certainement par la main du NKVD, police politique de l’URSS.

En conclusion Sachant que pour l’ours Russe il est clair que cela a toujours été « Il est plus sûr d’être craint que d’être aimé« , comme il est clair que l’Europe sans énergie va payer les conséquences de l’embargo sur l’énergie Russe, et de surcroit si l’Ukraine est autorisée a exporter ses produits agricoles vers l’Europe, les agriculteurs européens vont être très difficiles a contrôler.

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Post apolitique énonçant mon analyse personnelle. Bien sur je condamne la barbarie cette guerre initiée par la Russie, et, qui fait comme d’habitude de trop nombreuses victimes civiles.

Article publié sur plusieurs médias & blogs sur deux continents dont Forbes https://www.forbes.fr/politique/pourquoi-cette-guerre-russo-ukrainienne-analyses-decalees-pour-comprendre/