12 000 ans d’inégalités : quand le climat a façonné nos sociétés


Et si l’avenir de nos enfants dépendait, comme celui de nos ancêtres, du climat et de la démographie ? Depuis la fin de la dernière ère glaciaire, il y a environ 12 000 ans, l’humanité vit dans l’Holocène — une période de réchauffement décisive qui a bouleversé son destin. Ce basculement climatique a permis la sédentarisation, l’agriculture… et avec elles, l’émergence des inégalités.

Le grand tournant de l’Holocène

Il y a près de 11 700 ans, la Terre sort d’un âge glaciaire. Le réchauffement pousse les populations nomades à se fixer, à cultiver la terre, à domestiquer les animaux. Cette révolution transforme tout : les humains produisent plus qu’ils ne consomment, stockent, échangent — et créent ainsi des hiérarchies.

Les inégalités sociales naissent avec la propriété, la richesse et le pouvoir. Ceux qui possèdent les terres ou les troupeaux deviennent les premiers dominants, tandis que d’autres deviennent dépendants. La sédentarisation, l’agriculture et l’élevage posent les fondations de la société moderne… et de ses injustices.

Mésopotamie : le berceau des civilisations et des écarts

Dans le Croissant fertile, en Mésopotamie, apparaissent les premières villes et les premières écritures. Cette région — aujourd’hui la Syrie et l’Irak — est souvent présentée comme le berceau de la civilisation. Elle est aussi celui des inégalités.

La spécialisation du travail, l’accumulation de richesses et la naissance des élites administratives créent des écarts profonds. Les plus puissants détiennent les récoltes, le savoir, les armes… et parfois même d’autres êtres humains. L’esclavage, institutionnalisé, devient un pilier de ces sociétés. L’art, soutenu par les classes dominantes, sert déjà à afficher prestige et supériorité.

Une Mésopotamie qui initia l’esclavage (slave en anglais ) le mot venant du peuple Slave qui furent les premiers esclaves sur terre.

Le climat, régulateur des inégalités

L’histoire humaine est aussi celle des cycles climatiques. La Terre, comme une toupie, modifie sans cesse son orientation face au Soleil. À cela s’ajoutent les fluctuations de l’activité solaire, comme le minimum de Maunder, ou encore les grandes éruptions volcaniques.

Le “petit âge glaciaire”, entre le XIVe et le XIXe siècle, illustre cette influence : refroidissement du climat, récoltes ruinées, famines, migrations. Ces crises climatiques bouleversent les équilibres économiques et redistribuent temporairement les richesses. Mais dès que la stabilité revient, les inégalités ressurgissent.

Des empires et des écarts

Sous l’Empire romain, les plus riches gagnaient déjà plus d’un million de fois le revenu moyen. Depuis, guerres, pandémies et révolutions ont parfois réduit les écarts, sans jamais les effacer. Même les grandes utopies égalitaires du XXe siècle — en Union soviétique ou dans la Chine de Mao — n’ont offert qu’une égalité provisoire, vite remplacée par de nouvelles hiérarchies.

Aujourd’hui : désillusion et fracture sociale

Notre époque n’échappe pas à cette logique. Après la pandémie de Covid-19, le télétravail et l’inflation, beaucoup de salariés se sentent déconnectés, en perte de sens. Le brown-out — ce désengagement professionnel silencieux — touche de plus en plus de travailleurs. La guerre en Ukraine, la crise énergétique et la stagnation économique renforcent ces tensions.

Les inégalités s’accroissent moins entre pays qu’à l’intérieur même des sociétés, y compris dans les nations les plus développées.

Et demain ?

Sommes-nous toujours dans l’Holocène, ou déjà entrés dans l’Anthropocène, cette ère où l’homme influence lui-même la géologie et le climat ? Quelle que soit la réponse, une constante demeure : chaque progrès majeur — agricole, industriel, technologique — a fait naître de nouvelles formes d’injustice.

Réduire les inégalités absolues relève peut-être de l’utopie. Mais garantir à chacun un salaire décent, une vie digne, reste une nécessité.

Comme l’écrivait Tocqueville :

« Les Français préfèrent l’égalité dans la misère à la prospérité dans l’inégalité. »

Une phrase toujours d’actualité, à l’heure où notre “empire occidental” semble à son tour fragilisé par ses propres contradictions et utopies..

Article publié sur plusieurs médias & blogs sur deux continents

ETI Grands comptes Vous souhaitez une étude décalée sur votre secteur d’activité, ou découvrir de nouvelles possibilités audacieuses. Besoin d’organiser une conférence, une table ronde, N’hésitez pas à me contacter Tarif adapté à la taille de l’entreprise, et gratuit pour les universités  : b.jomard@goldman-consulting.com

Et n’hésitez pas à vous ABONNER lien:  https://bernard-jomard.com/abonnez-vous/ enfin si vous me copiez je vous remercie de me citer