Pauvres Jeunes Une Génération 2020 No Future ?


Ou avoir 20 ans en 2020 ? Intéressons nous tout d’abord aux étudiants

A cause du Covid et des confinements un jeune sur six aurait décroché et arrêté ses études et un sur trois aurait plongé dans la pauvreté. Nombreux aussi seraient ceux qui présentent maintenant des troubles psychologiques et auraient vu leur santé mentale se détériorée très fortement. En période dite normale, les troubles psychologiques graves surviennent entre 18 et 25 ans, il faut avoir conscience que cette crise aura des effets délétères chez nos jeunes étudiants

Bien évidemment, il est facile de comprendre que pour un jeune passer sa journée isolé dans un minuscule studio mal chauffé pour économiser sur l’énergie, et, entouré de ses toilettes, de sa mini cuisine et de sa cabine douche n’incite pas au bonheur et à la sérénité. Des journées avec comme seule distraction le passage au supermarché en y dépensant quelques euros disponible n’est pas non plus très réjouissant.

C’est clair qu’il faut beaucoup de volonté et d’énergie pour étudier dans ces conditions. Quant au distanciel, même un certain nombre de professeurs pourtant mieux « logés » ont décrochés.

Enfin beaucoup d’étudiants pensent que cela se terminera après un bac au rabais, par un diplôme au rabais, cela dans un monde économique asphyxié pour quelques années au minimum .

Néanmoins ne pas oublier qu’en France les études sont quasiment gratuites 170€ pour année de licence 240 € pour année de cycle master et 380 € pour une année doctorat. Grace à cette gratuité, beaucoup d’étudiants de familles désargentées peuvent faire des études supérieures car ils reçoivent des bourses, mais dés le moindre incident tout peut s’écrouler, santé mentale et situation financière.

Notez aussi que le gouvernement conscient du problème a pris d’excellentes décisions, dont le gel des loyers de résidence, la baisse du prix des repas en restaurants universitaires, et une faible hausse des bourses. Cela suffira -t-il ou donnera-t- il naissance à une génération dotée d’une résilience plus développée face à l’adversité?

Des jeunes qui vont aussi de surcroit hériter de notre dette

On avait déjà une dette énorme avant le Covid , et maintenant les jeunes vont devoir faire face à une augmentation de celle-ci sans précédent. Cela nous amène à nous poser la question suivante est-ce que les jeunes d’aujourd’hui auront les moyens de rembourser cette dette demain et après demain? L’autre question devrait être comment vont évoluer ces jeunes invisibles, apprentis, professionnels, ou ceux sortis du système scolaire à cause de la pandémie. Jeunes pour un grand nombre nés dans une petite ville de province où il n’y a aucun de ces petits jobs dits ubérisés qu’on trouve dans les grands villes et qui permettent de survivre .

On a trop vite oublié que les jeunes résidants en milieu rural représentent un quart des jeunes Français

Jeunes enfin qui n’ont pas l’impression à tord ou à raison que leur famille a profité depuis plus de trente ans du surendettement du pays

Pauvres jeunes héritiers de parents de plus en plus pauvres

Des jeunes qui ont vu depuis 20 ans à cause de l’accélération de la désindustrialisation le niveau de vie de leurs parents s’écrouler. Jeunes qui aujourd’hui alors qu’ils ont l’âge d’exister et de gagner leur place au soleil, voient leur avenir s’évaporer sous leurs yeux à cause du Covid et de ses conséquences. Des jeunes passés en quelques mois de l’habituel vague à l’âme au désespoir.

Lire analyse sur désindustrialisation : https://bernard-jomard.com/2018/11/30/la-france-championne-de-linnovation-dans-un-pays-sans-usine/

Une Génération Covid dont le passage à l’âge adulte est soudainement bloqué

Les politiques ont toujours eu tendance à considérer cette Jeunesse comme une partie inclassable de la population. De surcroît les politiques ne s’intéressent souvent qu’à la jeunesse des banlieues ou quartiers dits difficiles, car c’est celle qui est le plus agitée et visible. Des politiques enfin qui ont oublié que le passage entre l’enfance et l’âge adulte est l’élément fondateur des citoyens de la société de demain.

Et souvent oubliés, c’est encore plus difficiles pour les jeunes de petites villes de province enclavées et désindustrialisées

Les politiques qui ont quelques fois oublié qu’avoir un job, quitter le nid familial et avoir son propre appartement est encore plus difficile dans une petite ville de province ou il n’y a pas ces petits jobs de coursier petite ville ou de nombreux services publics ont disparu et ou avoir un véhicule est indispensable.

Près de dix millions de Français vivent dans des villes de moins de 20 000 habitants L’entrée tardive dans la vie d’adulte de la génération Covid de ces villes est un problème qu’on ne peut mettre sous le tapis, et, dont on paiera un jour les conséquences.

Lire diriger un pays c’est anticiper https://bernard-jomard.com/2019/11/04/%ef%bb%bfdiriger-une-entreprise-un-pays-cest-anticiper-ce-que-ferons-demain-les-citoyens-consommateurs/

Une Covid qui augmente les Inégalités de réussite

Peu s’interrogent aussi sur le fait que les inégalités se sont fortement dégradées entre les grandes villes et les petites villes désindustrialisées depuis un peu plus de vingt ou trente ans. Un écart qui s’est aussi creusé entre les classes moyennes supérieures urbaines éduquées qui profitent des infrastructures de l’éducation nationale et qui ont tout à proximité. Une majorité invisible et silencieuse, qu’on a vu ressurgir avec les gilets jaunes. Cela laissera des cicatrices permanentes dans cette génération 2020 qui voit son horizon bouché pour des dizaines d’années à cause de la dette accumulée.  

Des jeunes qui seront en Réserve vis-à-vis de la démocratie

Ces jeunes périphériques désargentés voient leur avenir personnel de plus en plus sombre. Les Jobs du soir, du week-end et d’été ont disparus, les stages rémunérés ont été annulés, et, ils ont quelques fois eu une interruption de leur scolarité. Il est maintenant clair qu’avec la crise il y aura de moins en moins de débouchés pour ces non-diplômés. A cela s’ajoute le fait que les petits festivals locaux peu coûteux et autres fêtes entre amis qui leur permettaient d’échapper à la morosité sont interdits depuis 7 mois, une éternité quand on a 20 ans . Tout cela ne peut générer qu’un repli sur soi et une résignation ou défiance vis-à-vis de la politique, des institutions des syndicats et des médias bien sûr.

Lire sur les Bobos urbains moins touchés par la crise https://bernard-jomard.com/2017/01/03/les-bobos-ont-ils-pris-le-pouvoir/

Des jeunes qui ont perdu confiance dans la société et dans les autorités

Alors que la plupart des jeunes avaient en général une capacité de résilience, et confiance en leur avenir, ils ont maintenant l’impression que non seulement ils n’auront pas de deuxième chance, mais que leur première chance leur a été volé. Eux éloignés des grandes métropoles, sont persuadés qu’il ne leur restera que des jobs précaires, et qu’ils ne s’en sortiront qu’avec le soutien financier de leurs parents et grands-parents.

Lire oublier son obsession de réussite https://bernard-jomard.com/2019/12/10/comment-oublier-son-obsession-de-reussite-et-en-revenir-a-lurbanite/

A quoi s’attendre demain

Ces jeunes laissés pour compte par la société ont perdu confiance dans les politiques et les syndicats trop proches à leurs yeux des salariés dit privilégiés ou protégés , les fonctionnaires et ceux des très grandes entreprises (absentes des petites villes) . N’ayons aucun doute là-dessus, ces jeunes vont vraisemblablement revendiquer une très forte liberté individuelle en parallèle avec une forte demande d’autorité et de régulation sociale. Demain, ils seront certainement plus proches du socialisme libertaire de Proudhon que du socialisme idéologique de Marx ou de Trotski. N’attendons donc aucun engagement de ces jeunes que nous avons déçu en ne tenant jamais nos engagements depuis 40 ans…

Enfin, Ce que nous risquons aussi de découvrir en France avec les confinements ce sont des jeunes devenant des Hikikomori (un mot japonais) désignant un état psychosocial et familial concernant principalement des hommes qui vivent coupés du monde et des autres, cloîtrés le plus souvent dans leurs chambres pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, et ne sortant que pour satisfaire aux impératifs des besoins.

Lire sur Faire de votre enfant un premier de cordée : https://bernard-jomard.com/2019/01/05/votre-enfant-sera-t-il-premier-de-cordee/

Lire sur une crise mal anticipée : https://bernard-jomard.com/2020/03/30/coronavirus-a-quelle-reprise-sattendre-demain/

Short cut publié sur Forbes et X autres médias sur trois continents.

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